». Et il fait le commentaire suivant : « Bataille ne demande rien de moins que d’avoir de la croissance une conscience simultanément sacrificielle. Pour moi, l'action méthodique dans laquelle chacun s'efforce de limiter les dégâts, pour lui, la libération des instincts en particulier ceux que l'on considère généralement comme pathologiques, pour moi la supériorité de la morale. (...). Georges Bataille lui-même reconnaît que s'il a été traité de « nouveau mystique », il en est lui-même responsable : « Quand je fus traité de nouveau mystique, je pouvais me sentir l'objet d'une erreur vraiment folle, mais quelle que fût la légèreté de celui qui la commit, je savais qu'au fond, je ne l'avais pas volé[195]. La revue Minotaure est fondée à Paris par l'éditeur Suisse Albert Skira. Ayant pour ambition d'embrasser la totalité d'une civilisation, selon le principe de « fait social total » introduit par Marcel Mauss, ils critiquent une esthétique qui privilégie la forme aux dépens de l'usage : selon Marcel Griaule, l'ethnographie doit « se méfier du beau, qui est bien souvent une manifestation rare, c'est-à-dire monstrueuse, d'une civilisation »[85]. Métraux observe chez son ami une forme de « conversion », un éloignement de toute piété[34]. Mais Critique, dont le titre initial donné par Bataille était Critica, ne devait pas être une revue d'idées pures, mais de commentaires critiques de livres d'idées, d'où le titre finalement choisi. ». Né d’un père négociant en huiles et eaux gazeuses, dont les affaires périclitèrent, et d’une mère très pieuse, cousin de l’historien Albert Sorel, il entre à l’École polytechnique (promotion X1865[2]), puis au corps des Ponts et Chaussées. Denis Adrien-Camille Dausse, auteur d'une thèse de médecine publiée en 1932 : Il sera réaménagé par Georges Henri Rivière, qui signe dans le premier numéro de, La première série en 1929 comprend sept numéros d'avril à décembre, avec une interruption en juillet-août, la seconde en 1930, huit numéros, la troisième série, composée d'un seul numéro paraît le, Pour ce numéro, Michel Surya mentionne par erreur l'année 1938 ; mais le tome V des, Les cinq eaux-fortes de Masson, qui firent l'objet d'une exposition à la Galerie, Surya cite encore parmi ceux qui ont pu se joindre aux participants de cette première réunion : Jean Rollin qui a signé un article, et certains anciens de, « Nietzsche [est] le seul dans la communauté duquel [Bataille] ait vraiment vécu [...] Acéphale, entreprise convulsive, tragique - « monstrueuse » dira-t-il même après coup [...] mais nommément nietzschéenne ». Bataille, qui lui avait envoyé depuis 1946 une grande quantité d’aphorismes, répond à son enquête par un long texte, intitulé Lettre à René Char sur les incompatibilités de l’écrivain, dans lequel il défend une conception insubordonnée de la littérature, à l'opposé de l'engagement sartrien[note 37]. Cette exception, c'est en somme la première proposition de pensée que Bataille nous lègue.[...] Aussi demande-t-il sa mutation pour Orléans, qu'il obtient à l'été 1951[239]. Mais dès octobre 1943, de retour à Paris, il se sépare de Denise et se trouve de la sorte sans logement. Il faut tous les efforts de Michel Leiris pour l'amener à collaborer à La Révolution surréaliste à partir d'octobre 1925. Joseph-Aristide est atteint de syphilis, maladie qui s'est déclarée entre la naissance de ses deux enfants et qui progresse rapidement. Le groupe de la rue Blomet se rallie d'abord à celui de la rue du Château, puis au printemps 1924 à la rue Fontaine. 10- L'absence de sol et de tout fondement contre l'apparence de stabilité. Vomissure mystique, « Tout se passe en somme comme si l'on s'inspirait de l'exemple de Georges Bataille pour mieux se passer de lui. Une sorte d'estime mutuelle a remplacé l'agressivité, sans qu'il y ait réelle amitié entre les deux hommes. Bataille cite aussi Thomas l'obscur et les conversations avec Blanchot. Le nom d'une revue : nous la connaissons tout entière ; il n'y a pas là de possibles difficultés. », Jusque dans les années 1950, Bataille, que Sichère qualifie de « libertaire », a balancé autour de cette formule « Nietzsche ou le communisme » affirmant que la position de Nietzsche est la seule en dehors du communisme[355],[356]. La politique, l’économique, le social et quelle morale...[240] ». modifier - modifier le code - modifier Wikidata. Bataille est désemparé, de nouveau désespéré. Mais « il est probable même qu'en père de famille attaché au sort des siens, il leur enjoignit de partir (ils partirent à Riom-ès-Montagnes)[19]. Le bordel. La politique, l’économique, le social et quelle morale... « C'était le Diable qui arrivait à Orléans. Une autre figure importante de La Critique sociale est Colette Peignot, compagne de Souvarine. À 45 ans, en 1892, il démissionne de son poste d’ingénieur en chef du service hydraulique à Perpignan[3] et s’installe à Paris, puis à Boulogne-sur-Seine avec Marie David, ancienne ouvrière, quasi illettrée, qu’il n’épousera jamais à cause, peut-être, de l’opposition de sa mère. Diane l'accompagne parfois, mais Bataille est souvent seul. Des lettres de cette période témoignent d'une grande dépression : « Je sors d'une période d'une grande apathie » ; « Ni Diane ni moi ne nous sommes bien portés à Carpentras[238]. Bataille prononce donc seul le discours du 4 juillet 1939, devant l'auditoire du collège . Jean-Jacques Roubine précise que c'est peu à peu qu'il va découvrir « le rire Nietzschéen[2] ». Des milliers de livres avec la livraison chez vous en 1 jour ou en magasin avec -5% de réduction ou téléchargez la version eBook. « Évidemment, ce que j'ai à dire est tel que son expression a plus d'importance pour moi que le contenu. Henri Dubief, qui a conservé les textes de Pierre Dugan, indique déjà l'orientation d'Acéphale qui est à la fois le projet d'une communauté et celui d'une religion, assez éloignée de la définition donnée par la suite par Georges Bataille. Bataille participe à la « pittoresque et inefficace » manifestation du cours de Vincennes le 12 février 1934 avec les membres de ce qu'il appelle son organisation[133] (qui pourrait être le groupe Masses auquel Bataille aurait adhéré, selon Marc Richir dans Texture no 6, hypothèse non confirmée[134]). Yoshikazu Nakaji précise : « la réception scientifique de Bataille au Japon est récente : son œuvre est entrée dans la phase d'une vraie recherche qui, sans nier toute charge émotive, s'assigne pour but de cerner patiemment le fondement et la portée de cette pensée sans pareille. Georges Bataille (1897 - 1962) was a philosopher, writer, and literary critic whose work has had a significant impact across disciplines as diverse as philosophy, sociology, economics, art history and literary criticism, as well as influencing key figures in post-modernist and post-structuralist philosophy such as Jacques Derrida and Michel Foucault. Dès 1926, il devient le philosophe débauché qui écrit à la première page de l'Histoire de l'œil : « J'ai été élevé très seul et aussi loin que je me rappelle, j'étais angoissé par tout ce qui est sexuel[52] ». Contre-Attaque pose aussi des problèmes symptomatiquement absents de toute idéologie révolutionnaire pudibonde. Son livre porte le titre La Peinture préhistorique. Ce que commente ainsi Michel Surya : « son érudition - remarquable - dissimule mal ce qu'a ce livre de contraint et, à la fin, d'empêché », parlant d'« un livre trop caricaturalement récapitulatif pour être tenu davantage qu'un assortiment d'images (au demeurant, magnifiques) »[293]. Bataille died in 1962. Claparède étudie « le sommeil réaction de défense » et Lacan développe « les motifs du crime paranoïaque[103]. Bernard Noël évoque la cassure des rapports entre Bataille et Leiris à ce moment-là. » En lieu et place de cette étude, Bataille publiera dans « un sursaut de rage » Le Bleu du ciel qui célèbre l'envers refoulé de l'optimisme politique[338]. Ces réunions semblent, selon les témoignages de Fardoulis et de Prévost, avoir consisté pour l’essentiel en des lectures de passages de L’Expérience intérieure[212], suivies de débats autour de questions se rattachant à cet ouvrage publié en 1943. — Jérôme et Jean Tharaud, Notre cher Péguy (1926). À partir du no 3 de la revue, le « phagocytage » par les surréalistes commence. Déjà « schismatique en puissance[45] » comme le qualifie André Masson, Bataille n'a que faire de la moralisation de Breton. Il se rend dès lors à l'école des Chartes pour y suivre une formation d'archiviste, enrichie d'une initiation à la psychanalyse et à la philosophie. ». Le traducteur avait lui-même pris un pseudonyme pour écarter les soupçons (Audiart) ; en 1955, c'était Skira qui proposait une version anglaise des études de Bataille sur Manet et Lascaux[418]. En d'autres termes, prendre conscience du sens décisif d'un instant où la croissance (l'acquisition de quelque chose) se résoudra en dépense, est exactement la conscience de soi, c'est-à-dire une conscience qui n'a plus rien pour objet. Dans l'édition de la Bibliothèque de la Pléiade, Marina Galletti mentionne la date du 7 août 1898 à Reims[16]. » Bataille donne à La Critique sociale trois articles majeurs dont un sur le cri de mort des émeutes[130]. Le premier manifeste de ce groupe est paru en 1930. « Ce pseudonyme lui fut suggéré par Souvarine. Selon Michel Surya, ce livre « fait à peu près toute la lumière possible sur Acéphale », mais « pour décisifs que soient les faits établis par celui-ci, ils ne modifient pas sensiblement l'interprétation que j'en avais proposé. » C'est aussi un texte composite qui n'est pas seulement érotique, mais aussi politique, présentant plusieurs niveaux d'expériences biographiques et de lectures[361]. Ils diffèrent cependant dans l'appréciation historique qui doit être portée sur l'attitude antisémite de Sorel. Contre-Attaque disperse ce que Bataille avait réussi à sauver du groupe Souvarine. Malgré ses souffrances permanentes, grâce à sa collaboration avec Joseph-Marie Lo Duca, qui dirige la « Bibliothèque Internationale d'Érotologie » chez Pauvert, et l'aide de son secrétaire Jacques Pimpaneau, il parvient à finir en 1961 Les Larmes d’Éros, le dernier livre, abondamment illustré (surtout de reproductions d'œuvres d'art), qui sera édité de son vivant, au terme de deux ans et demi de travail. Skira fait appel à Bataille qui a dû renoncer à Documents en 1931. Il est trop tard pour tenir à être raisonnable et instruit — ce qui a mené à une vie sans attrait. 1924 est une année-clé dans la carrière et l'évolution politique de Bataille. De nombreux textes inédits de Sorel ont été publiés dans la revue Cahiers Georges Sorel, puis Mil neuf cent[a 1]. Toutefois, dans un court entretien radiophonique du 10 juillet 1954, il fait cette déclaration qui contredit la première : « Je préfère dire que je suis un philosophe heureux[304]. Parmi eux, des syndicalistes révolutionnaires comme Hubert Lagardelle, Édouard Berth et les Italiens Arturo Labriola et Agostino Lanzillo (it), des partisans ou des proches de l’Action française comme Pierre Lasserre et le catholique René Johannet, des libéraux comme Piero Gobetti[24], des socialistes comme le Hongrois Ervin Szabó, des communistes comme Antonio Gramsci et le jeune Georg Lukács, des marxistes indépendants comme Maximilien Rubel[25], des écrivains anticonformistes comme Curzio Malaparte, des sociologues comme Walter Benjamin, Jules Monnerot et Michel Maffesoli, des théoriciens politiques comme Carl Schmitt ou encore des économistes comme François Perroux. La revue L'Ordre nouveau créée en mai 1933 est dirigée par Dandieu (qui avait travaillé avec Bataille à la Bibliothèque Nationale) jusqu'à sa mort en août de la même année. En 1934, il a le projet d'un livre sur Le fascisme en France, mais de cette entreprise il ne reste que des pages préparatoires et des ébauches lisibles dans son article de La Critique sociale[336]: « En janvier 1933 Hitler accédait au pouvoir et réalisait en quelques mois une mise au pas qui avait demandé quatre ans aux Italiens. ». À cette occasion, il passe trois jours au monastère de Quarr Abbey dans l'île de Wight, séjour fortuit qui n'a aucune influence sur sa décision : entre l'agitation et la contemplation, c'est l'agitation qui l'emporte, semble-t-il[26]. Il signe la pétition que l'Abbé Pierre, René Julliard, Jean Rostand, Jean-Louis Barrault, Irène Joliot-Curie et de nombreux autres signent pour une « cessation de la répression du peuple algérien [...] cessation de la discrimination raciale »[281] et dont l'hebdomadaire L'Express se fait l'écho le 7 novembre[281]. » Selon Tatsuo Satomi « c'est surtout vers la fin des années 1960, marquée ici [au Japon] par les révoltes étudiantes, qu'il est devenu un des maîtres à penser des contestataires japonais. « À l'église il n'est que le masque de l'impossible. [...] Il aurait été plus simple que la revue fût la face exotérique de cette société ésotérique. Elle a alors treize ans[196]. À ses yeux, le mouvement ouvrier européen se trouve engagé dans une impasse. On sait également qu'il souffrit lorsqu'ils se séparèrent en 1934 et qu'il attendit 1946 pour divorcer : « Le Bleu du ciel témoigne de la crise traversée au moment de la séparation d'avec Sylvia, sans toutefois en être le récit »[53]. Et encore, ces confidences, (sauf celles de Bataille lui-même) sont-elles sujettes à caution: il n'est pas certains que tous surent vraiment quel était le projet d'Acéphale, pas certain qu'ils n'en aient pas approché une vérité réduite à ce que Bataille consentait d'en dire (ou réussissait à en dire; on verra qu'au total l'expérience d'Acéphale fut peut-être la sienne seule et que nul n'en comprit réellement le sens[147]. Auprès de Waldberg, il précise davantage son objectif : que la revue comporte davantage d'« images véhémentes » et séduise « la clientèle des pervers », ce à quoi ni Bataille ni Waldberg ne consentent[290]. Ajoutez-le à votre liste de souhaits ou abonnez-vous à l'auteur Georges Bataille - Furet du Nord » Le fascisme est le problème de l'État, il est à proportion de la dégénérescence du monde bourgeois : « le monde libéral où nous vivons encore ici est déjà un monde de vieillards aux dents qui tombent et d'apparences[131]. Car, lui, le non-philosophe, semble faire le tour de ce qui lui paraît impossible dans la philosophie sartrienne : la lourdeur du faux savoir et l'embarras prétentieux du concept[303]. » Ce cercle est indissociable du premier « Cercle communiste Marx et Lénine » auquel Souvarine adhère avant de fonder la revue La Critique sociale à laquelle Bataille collabore, toujours en franc-tireur et rapidement désapprouvé par certains membres du « groupe Souvarine »[121]. Pourtant, parmi ses plus grands livres de l'après-guerre, on compte La Part maudite et La Souveraineté qui sont essentiellement politiques, d'une politique à différencier de son engagement d'avant-guerre[340]. ». Le groupe a en outre sa permanence au Bureau des recherches surréalistes, 15 rue de Grenelle, et à partir du premier décembre, son organe : La Révolution surréaliste[38]. Cette réconciliation donne la mesure de l'urgence, comme Bataille l'écrit lui-même dans une lettre à Roger Caillois : « rien n'est plus possible qu'à la condition de se lancer à corps perdu dans la bagarre[136], pour sauver le monde du cauchemar ».